Comment avancer vers une société féministe ? Dans LA MÉTHODE, un podcast en six épisodes, Rebecca Amsellem, la fondatrice de la newsletter Les Glorieuses, interroge des féministes du monde entier pour trouver les solutions pour créer un nouveau paradigme féministe. Le podcast « La Méthode » explore, grâce à l’éclairage des plus grandes intellectuelles féministes de notre époque, les clés pour s’emparer du sujet et devenir actrices et acteurs de cette nouvelle société féministe.

Une coproduction Louie Media et Gloria Media.
Présentation : Rebecca Amsellem | Co-écriture : Léna Coutrot, en collaboration avec Fanny Ruwet | Illustration sonore : Alexandra Kandy-Longuet | Production : Soukaïna Qabbal | Musique originale : Clémentine Charuel et Julie Roué

Nous traversons un moment politique historique, où tout peut basculer. Vers un monde encore plus misogyne, ou vers une société vraiment égalitaire. Alors, pour tenter de faire advenir une société féministe, est-ce qu’il n’y aurait pas une méthode ? Dans cette série documentaire en six épisodes, Rebecca Amsellem s’interroge sur les moyens à notre disposition pour mener une lutte féministe victorieuse.

Dans le monde entier, des mouvements se structurent pour renverser le patriarcat, et ce depuis bien longtemps. La première étape, c’est de construire la mémoire de ces luttes, et la célébrer ; c’est ce que pense la philosophe Geneviève Fraisse. Sa méthode, c’est l’historicité, pour ne pas avoir à recommencer le combat féministe de zéro, à chaque fois. Pour l’avocate et autrice pakistanaise-américaine Rafia Zakaria, il est aussi urgent que cette histoire du féminisme s’émancipe du récit occidental, centré sur les femmes blanches. Elles veulent toutes les deux abandonner le concept de « vagues du féminisme », pour raconter cette lutte dans toute sa continuité. 

Pour aller plus loin :
Susan Faludi, Backlash,1993
Margaret Killjoy, The Lamb Will Slaughter the Lion, 2017
Carol Gilligan, Pourquoi le patriarcat ?, 2019
Geneviève Fraisse, Les Excès du genre, 2019
Marcelle Tinayre, La révolte d'Ève : chroniques et autres textes, 2017
Rafia Zakaria, Against White Feminism: Notes on Disruption, 2021
Mary Beard, Les femmes et le pouvoir, 2020

On a pour habitude de valoriser la mesure : il faudrait ne pas être trop radical.e, ne pas avoir de position trop tranchée. Surtout, s’éloigner des extrêmes, refuser la violence. Pourtant, comment aller au bout de nos luttes sans accepter une forme de radicalité ? 

Dans cet épisode, Natalie Wynn, vidéaste politique américaine créatrice de la chaîne ContraPoints, nous explique en quoi les idées radicales sont nécessaires pour faire advenir une société aux antipodes de celle dans laquelle nous vivons. La politologue Réjane Sénac, elle, nous invite à distinguer la radicalité de la violence. Construire sa radicalité politique, c’est d’abord penser de manière radicale. 

Pour aller plus loin :
Aristophane, Lysistrata
Audre Lorde, The Master's Tools Will Never Dismantle the Master's House, 2018
Réjane Sénac, Radicales et fluides. Les mobilisations contemporaines, 2021
Réjane Sénac, L'égalité sous conditions : genre, parité, diversité, 2015.
La chaîne Youtube de Natali Wynn, ContraPoints.

Et si une partie de la méthode pour faire advenir une société féministe résidait dans la joie ? Ça peut sembler un peu naïf, comme ça, de se dire que notre puissance réside dans la joie, l’enthousiasme. Pourtant, si les manifestations sont peuplées de chorales, de batucadas, de pancartes colorées et de paillettes, c’est parce que la joie semble offrir une porte de sortie de l’individualisme, un moyen de rendre à la lutte sa dimension collective. La joie, ce n’est pas le bonheur ou le bien-être. La joie n’est pas une émotion individuelle mais une démarche, un processus subversif qui permet d’imaginer un autre monde. 

Dans cet épisode, carla bergman et Nick Montgomery, auteur.ice.s de Joie militante nous parlent de cette méthode : la joie collective. Cette joie permet de diriger nos émotions négatives vers une lutte contre un monde injuste. Qui permet de ne pas sombrer dans la “tradition du militantisme triste” et de vivre, de manière apaisée, son activisme. Véronica Gago, sociologue argentine et organisatrice du mouvement Ni Una Menos, créé pour dénoncer les féminicides, nous raconte comment ce collectif a changé les manières de vivre, de penser et d’aimer de ses participant.e.s. L’organisation collective leur a permis d’apprendre à se défendre dans la joie

Pour aller plus loin :
carla bergman et Nick Montgomery, Joie Militante, 2019.
Veronica Gago, La puissance féministe ou le désir de tout changer, 2021.
Emma Goldman, Vivre ma vie - une anarchiste au temps des révolutions,1931.

Pourquoi, dans une relation hétérosexuelle, les femmes ont-elles souvent tant de mal à exprimer leurs désirs ? Pourquoi est-ce souvent des hommes qu’on attend le premier pas, le contrôle, la conquête ? Si la révolution sexuelle a été salvatrice, il faut maintenant opérer une révolution du désir. Réparer les désirs des femmes, habituées à attendre, se restreindre, se contenter de répondre, honteuses de leurs désirs. 

Dans cet épisode, la philosophe Manon Garcia, autrice de La conversation des sexes nous parle de ce désir qui, dans une société patriarcale, ne doit être qu’une réponse à celui des hommes. Fantasme de soumission, de beauté et de minceur sont les fruits d’une société qui modèle. Kristen Ghodsee, ethnographe, autrice de Pourquoi les femmes ont-elles une meilleure vie sexuelle sous le socialisme ? qui nous explique pourquoi la société capitaliste entrave les désirs des femmes. 

Pour aller plus loin :
Kim Addonizio, What do women want ? (poème) in Tell Me, 2000
Edward Bernays, Propaganda, 1928
Manon Garcia, La conversation des sexes, 2021
Manon Garcia, On ne naît pas soumise, on le devient, 2018
Kristen Ghodsee, Pourquoi les femmes ont une meilleure vie sexuelle sous le socialisme ?, 2020
Alexandra Kollontaï, Place à l'Eros ailé ! (Lettre à la jeunesse laborieuse), 1923
Audre Lorde, Uses of the Erotic: The Erotic As Power, 1984
Amia Srinivasan, The Right to Sex: Feminism in the Twenty-First Century, 2021

Et si le masculin ne l’avait pas toujours emporté sur le féminin ? Et si les soutiens-gorges n’étaient pas si essentiels qu’on le croit ? Et si le rose pour les filles et le bleu pour les garçons n'avaient pas toujours été la règle ? Et si douter, remettre en cause les évidences, nuancer, était le début de la véritable connaissance, une des clefs de la méthode pour faire advenir une société féministe ? Il est parfois difficile de faire entendre une pensée nuancée dans une société de l’accélération dans laquelle le doute est perçu comme une faiblesse et la moindre nuance peut être interprétée comme une négation de notre pensée. Et si, pourtant, le doute pouvait être une stratégie ?

Dans cet épisode, Yuri Casalino, activiste féministe, ingénieure en aérospatiale, réalisatrice de films documentaires, et spin doctor qui a conseillé Sandrine Rousseau lors de la présidentielle nous parle de l’intérêt du doute pour mieux penser politiquement. Pas le doute qui nous fait nous déprécier et nous paralyse mais celui qui nous donne le pouvoir de “remettre en question nos évidences pour inventer de nouveaux possibles”. Sarah Schulman, romancière, dramaturge et essayiste américaine, autrice de Le Conflit n'est pas une agression, nous enjoint à accepter la difficulté de la nuance : un mouvement nuancé, comme l’était Act Up, est plus efficace, selon elle, qu’un mouvement homogène. 

Pour aller plus loin :

Reni Eddo Lodge, Why I don’t talk to white people about race, 2018
Sara Ahmed, Living a Feminist Life, 2017
Marie-Anne Casselot, “Pour une phénoménologie féministe du doute”, Recherches Féministes, 2018
Roxane Gay, Bad Feminist, 2018
Lola Olufemi, Feminism, interrupted, 2020
Sarah Schulman, Le Conflit n’est pas une agression, 2021

Ce qui manque à nos luttes, c’est peut-être un imaginaire commun, un futur idéal que l’on chercherait, ensemble, à atteindre. Peut-être que pour changer la société actuelle, c’est d’utopies dont nous avons besoin. Pour faire advenir notre société féministe idéale, encore faut-il l’imaginer. 

Dans cet épisode, Rafia Zakaria, avocate et intellectuelle féministe pakistano-américaine nous parle du premier magazine indien créé par et pour les femmes et d’une utopie qui y est publiée : Le Rêve de Sultana. Elle nous explique en quoi les utopies nous permettent de proposer une autre histoire, une autre perspective. Pour Réjane Sénac, politologue, l’utopie est le seul réalisme. Initiatives citoyennes, manifestations, désobéissances civiles sont déjà des utopies en acte, des “désobéissances fertiles et heureuses”. 

Pour aller plus loin :
Christine de Pisan, La Cité des dames, 2021
Charlotte Gilman Perkins, Herland, 2019
Monique Wittig, Les Guérillères, 1969
Naomi Alderman, Le Pouvoir, 2019

La Méthode est une coproduction Louie Media et Gloria Media. Elle est présentée par Rebecca Amsellem, qui l’a co-écrite avec Léna Coutrot en collaboration avec Fanny Ruwet. Elle a été réalisée par Alexandra Kandy-Longuet. Soukaïna Qabbal était à l’édition et à la production. La musique originale a été composée par Clémentine Charuel et Julie Roué.